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Mouvements de protestation: L'environnemental prime sur le social

Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a présenté  dans "Midi Show" de ce mardi, le rapport de l'Observatoire social tunisien, intitule "Les revendications économiques et sociales marquent le premier semestre de 2024".

Ben Amor a affirmé que le rapport indique un recul des protestations sociales, expliquant que cela s'explique par une perte d'espoir parmi les citoyens quant à leur capacité à provoquer le changement par le biais des manifestations. Il a souligné aussi que les protestations sont pourtant un signe de bonne santé sociale, ajoutant que le rôle des partis politiques et des organisations dans l'encadrement des manifestations a également diminué, isolant ainsi les manifestants des canaux civiques.

Selon le rapport du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux pour le premier semestre de 2024, la Tunisie a connu 1161 mouvements sociaux contre 2158 au cours de la même période en 2023.
En revanche, les mouvements à caractère environnemental ont connu une augmentation, passant de 156 au premier semestre 2023 à 172 pour la même période en 2024.

Les mouvements environnementaux représentaient 15% du total des mouvements, avec 56% enregistrés au deuxième trimestre de l'année, notamment en juin, qui a vu 52 manifestations, coïncidant avec la saison des récoltes et des vagues de chaleur extrêmes dépassant les moyennes enregistrées à la même période en 2023.

Les principales revendications environnementales portaient principalement sur les interruptions fréquentes de l'eau courante, avec 83 manifestations, en juin dernier.

Kairouan a enregistré le plus grand nombre de protestations avec plus de 23, suivie de Nabeul (20), Gafsa (15) et Sousse (8), les citoyens demandant leur droit à l'eau potable et à la connexion au réseau de la Sonede.

En outre, 10 manifestations ont été recensées dans la région de Kairouan, en raison de la détérioration de l'environnement et de l'infrastructure des canaux de distribution d'eau et d'assainissement, entraînant des fuites d'eau dans les installations de la Sonede et de ľOffice national de l'assainissement destinées aux habitations.
Par ailleurs, six protestations signalées à Beni Khalled et Bouargoub dans le gouvernorat de Nabeul, ainsi que dans des régions relevant des gouvernorats de Sidi Bouzid et Tozeur, toutes en raison de la pollution des eaux usées, de la propagation d'odeurs nauséabondes et de la prolifération moustiques, constituant une menace environnementale et sanitaire grave.

En raison de la crise persistante de la sécheresse, Jendouba a été le théâtre d'une série de manifestations d'agriculteurs -sept des onze, à l'échelle nationale- pour des interruptions fréquentes de l'eau d'irrigation, qui ont eu un impact significatif sur les récoltes des céréales.

Nabeul a également enregistré plusieurs manifestations en raison de la pénurie d'eau pour l'irrigation des forêts de Gharas et de la baisse des prix de certaines cultures saisonnières, comme les pommes de terre.

Pendant le deuxième trimestre de l'année, quatre manifestations environnementales ont dénonce l'aggravation de la pollution industrielle. La ville de Gabès a été particulièrement touchée par une crise persistante, due à une gestion irresponsable des aspects polluants causés par la Société chimique tunisienne.

En outre, six mouvements de protestation ont dénoncé l'aggravation de la crise des déchets qui s'accumulent dans les rues et les zones urbaines à Sfax et Kasserine. Des citoyens se sont, également, plaints de la multiplication des décharges sauvages non contrôlées près des zones résidentielles dans différentes régions de Sidi Bouzid, de ľAriana et de Bizerte.

Selon l'Observatoire, les mouvements environnementaux, au cours des six premiers mois de 2024, ont été marqués par leur caractère collectif et organisé, principalement sous forme de rassemblements et d'appels médiatiques pour attirer l'attention des responsables et des autorités compétentes sur la nécessité d'une intervention urgente pour atténuer les défis environnementaux auxquels sont confrontés les citoyens dans différentes régions du pays.
Le droit à l'eau a figuré en tête des revendications des mouvements environnementaux, avec 111 manifestations, contre 61 pour le droit à un environnement sain.